Introduction
La transition vers le marché du travail à la suite de la soutenance de thèse constitue une étape importante dans le parcours des titulaires de doctorat. Cette période déterminante est souvent marquée par des incertitudes. Pour celles et ceux qui choisissent de rester dans le milieu académique, la majorité occupe encore, au moins durant les premières années suivant la thèse, des emplois à durée déterminée (Bebiroglu, Dethier & Ameryckx, 2019). Certains titulaires de doctorat, pourtant désireux de poursuivre une carrière universitaire, sont contraints de quitter ce milieu en raison du manque de débouchés et de perspectives d’emploi à long terme. Lorsqu’ils ou elles se réorientent vers d’autres secteurs, les postes occupés ne requièrent pas systématiquement un doctorat, ce qui soulève des interrogations quant à la reconnaissance et à la valorisation de ce niveau de qualification en dehors du monde académique (Bebiroglu, Dethier, Ameryckx, 2020).
Afin de mieux comprendre cette phase de transition, nous avons interrogé les titulaires de doctorat sur différents aspects de leur transition professionnelle : le délai d’accès à un premier emploi après la soutenance, la nature de ce premier emploi (secteur académique ou non, avec ou sans activités de recherche), leur perception de la facilité de cette transition, ainsi que les défis rencontrés. En comparant les données recueillies en 2019 et en 2022, cette analyse permet de dégager des tendances dans l’évolution de la transition après la thèse. Une attention particulière est portée aux différences selon le genre, le domaine de recherche et le type d’activité du premier emploi, afin de mieux cerner les réalités variées auxquelles sont confrontés les titulaires de doctorat.
Qui sont les chercheurs et chercheuses interrogées?
Afin de recueillir des données statistiques sur la transition professionnelle des titulaires de doctorat issus des cinq universités de la FWB, tous domaines de recherche confondus, et de fournir une analyse approfondie de leur situation professionnelle, l’Observatoire a lancé en 2019 l’étude intitulée « Devenir des titulaires de doctorat ». En 2022, une deuxième édition de l’enquête a été mise en œuvre afin d’assurer le suivi des récents diplômés et diplômées, ainsi que des répondants et répondantes de la première édition.
Échantillon de l'enquête 2019 : Bien que plus de 2000 personnes aient répondu à cette enquête, seules celles ayant obtenu leur doctorat entre janvier 2015 et mai 2018 ont été retenues pour les besoins de ce rapport (n = 1 157), afin de garantir des comparaisons pertinentes et d’éviter de confronter des profils trop hétérogènes. Cet échantillon se compose de 44,3% de femmes (n = 513) et de 55,5% d’hommes (n = 642). L’âge moyen des répondantes et répondants au moment de l’enquête est de 33,8 ans (SD = 6,0), et l’âge à l’obtention du diplôme de 32,2 ans (SD = 6.0). Concernant la nationalité, 63,6% des titulaires de doctorat (n = 736) se sont déclarés Belges. Par ailleurs, 60,6% des personnes interrogées (n = 701), dont 45,5% de femmes, ont déclaré être en couple (mariés ou cohabitants légaux) au moment de l’enquête. En outre, 44,2 % (n = 511), dont 44,6% de femmes, ont indiqué avoir des enfants. Enfin, en ce qui concerne les domaines de recherche : 43,1% des personnes ayant répondu (n = 499) ont obtenu un doctorat en Sciences Exactes et Naturelles (SEN) ; 32,7% (n = 378) en Sciences Humaines et Sociales (SHS) ; 24,2% (n = 280) en Sciences de la Vie et de la Santé (SVS).
Échantillon de l'enquête 2022 : Dans le cadre de ce rapport, seules les personnes ayant obtenu leur doctorat entre juin 2018 et mai 2021 ont été prises en considération (n = 857; 46,5% de femmes). L’âge moyen des participantes et participants au moment de l’enquête est de 35,1 ans (SD = 6,1), et l'âge d’obtention du diplôme de 32,5 ans (SD = 6,1). Bien que l’enquête ait mobilisé des titulaires de doctorat de 67 nationalités différentes, la majorité de nos répondantes et répondants possède la nationalité belge (57,2 %, n = 490) et 40,2% (n = 322) ont indiqué travailler en dehors de la Belgique au moment de l'enquête. Concernant la situation familiale, 76,7% des personnes interrogées (n = 657), dont 47,6% de femmes, ont déclaré être en couple au moment de l’enquête. En outre, 40,4 % (n = 346), dont 47,1% de femmes, ont indiqué avoir des enfants. Enfin, la répartition par domaine de recherche révèle que 43,4% (n = 372) ont obtenu un doctorat en SEN; 31,3% (n = 268) en SHS; et 25,3% (n = 217) en SVS.
Nous avons interrogé les titulaires de doctorat qui avaient un emploi sur le délai écoulé entre la soutenance de leur thèse et l’obtention de leur premier emploi, qu’il s’agisse d’un contrat, d’un poste, d’une nomination ou d’une bourse. Pour la majorité des répondants et répondantes à la fois en 2019 et 2022, la recherche d’emploi après la thèse semble s’être déroulée rapidement. Les données de 2022 montrent qu’en effet, parmi les 816 répondants à cette question, 76,1% ont trouvé un emploi en moins de 4 mois, contre 72,5% en 2019. Bien que cette différence ne soit pas significative, la tendance reste néanmoins positive. Il est également à noter qu’un peu moins de la moitié des répondants et répondantes de chaque cohorte avaient obtenu un emploi avant même la soutenance de leur thèse.
Genre et temps écoulé entre la soutenance de thèse et l'obtention du premier emploi: La figure ci-dessous présente la répartition du temps écoulé, selon le genre. Pour en faciliter l’interprétation, les effectifs ont été regroupés en quatre catégories : j'avais déjà un emploi avant ma soutenance, 0 à 3 mois, 4 à 12 mois, 13 mois ou plus.
Bien que les femmes soient moins nombreuses que les hommes à accéder à un premier emploi dans les quatre mois suivant leur soutenance de thèse, en 2019 (71,1% pour les femmes contre 75,7% pour les hommes) comme en 2022 (73,7 % contre 76,5 %), ces écarts ne sont pas statistiquement significatifs. De plus, entre 2019 et 2022, les délais d’insertion professionnelle se sont légèrement améliorés, tant pour les femmes que pour les hommes. La proportion de titulaires de doctorat accédant à un premier emploi en moins de quatre mois après leur soutenance passe de 71,1 % à 73,7 % chez les femmes, et de 75,7 % à 76,5 % chez les hommes. Bien que ces hausses ne soient pas statistiquement significatives, elles reflètent une tendance positive.
Domaine de recherche et temps écoulé entre la soutenance de thèse et l'obtention du premier emploi: Les figures ci-dessous présentent la répartition du temps écoulé, selon le domaine de recherche. On observe une amélioration du délai entre la soutenance de thèse et l'obtention du premier emploi entre 2019 et 2022, avec une part croissante de titulaires de doctorat accédant à un premier emploi en moins de quatre mois après leur soutenance, en particulier dans les domaines des SHS et des SVS. Ce taux passe de 71,4% à 77,4% pour les SHS et de 72,2% à 77,6% pour les SVS. Cette évolution n’est pas significative d’un point de vue statistique, mais la tendance reste globalement favorable.
Temps écoulé entre la soutenance de thèse et l'obtention du premier emploi, par domaine de recherche
Afin de mieux cerner la nature du premier emploi occupé par les titulaires de doctorat après la soutenance de leur thèse, une nouvelle question a été introduite dans l’enquête de 2022. Celle-ci visait à distinguer les types d’activités exercées ainsi que le secteur d’insertion professionnelle. Les répondants étaient invités à indiquer si leur premier emploi relevait (1) du secteur académique pour un poste comprenant des activités de recherche, (2) du secteur académique pour un poste ne comprenant pas d'activités de recherche (ex: ADRE), (3) d’un secteur non académique pour un poste comprenant des activités de recherche, ou (4) d’un secteur non académique pour un poste ne comprenant pas d'activités de recherche.
Plus de la moitié des titulaires de doctorat interrogés déclarent que leur premier emploi après la thèse était dans le secteur académique (56,1%; n = 456), tandis que 43,9%; (n = 357) indiquent que leur premier emploi se situait en dehors de ce secteur. Par ailleurs, une majorité (70,1%; n = 570) rapporte occuper un poste comprenant des activités de recherche pour leur premier emploi, que ce soit dans le secteur académique ou en dehors.
Temps écoulé et type d'activité du premier emploi après la thèse : Bien qu’on puisse supposer que les titulaires de doctorat ayant trouvé un emploi rapidement seraient plus susceptibles de rester dans le secteur académique, la répartition des réponses suggère au contraire que l’accès à un premier emploi après la thèse s’effectue généralement rapidement, indépendamment du secteur d’activité ou de la présence d’activités de recherche dans le poste occupé.
Genre et type d'activité du premier emploi après la thèse : Une proportion plus élevée d'hommes (50,1 %; n = 219) que de femmes (46,5 %; n = 174) commencent leur carrière dans le milieu académique avec un poste comprenant des activités de recherche. Les femmes sont plus nombreuses à débuter dans le secteur académique pour un poste ne comprenant pas d'activités de recherche (11 % contre 4,6 % pour les hommes). Une proportion légèrement plus élevée d’hommes se retrouve dans la catégorie « en dehors du secteur académique sans activités de recherche » (23,8 %; n = 104) par rapport aux femmes (20,9 %; n = 78).
Domaine de recherche et type d'activité du premier emploi après la thèse : Comme le montre la figure ci-dessous, les titulaires de doctorat en SEN sont les plus susceptibles de commencer leur carrière en dehors du secteur académique par un poste comprenant des activités de recherche (25,6 %; n = 90) et les moins nombreux à occuper un poste dans le secteur académique sans activités de recherche (4%; n = 14). Ceux et celles issues des SVS présentent le taux le plus élevé d’emploi dans le secteur académique pour un poste ne comprenant pas d'activités de recherche (11%; n = 23). Les titulaires de doctorat en SHS sont moins enclins à intégrer, pour leur premier emploi après la thèse, un poste comprenant des activités de recherche en dehors du secteur académique (15,9 %; n = 40) et les plus nombreux à occuper un poste hors du secteur académique ne comportant pas d’activités de recherche (27,4 %; n = 69).
Nous avons interrogé les titulaires de doctorat sur leur perception de la facilité de leur transition vers un premier emploi après la thèse. Les résultats montrent qu’en 2019 comme en 2022, un peu plus de la moitié des répondants et répondantes se disent d’accord ou tout à fait d’accord avec l’affirmation selon laquelle leur transition professionnelle après le doctorat a été facile (enquête 2019 : 56,9 %, n = 642 ; enquête 2022 : 61,1 %, n = 518). Une proportion similaire indique avoir eu connaissance des possibilités de carrière au moment de cette transition (enquête 2019 : 51,8 %, n = 585 ; enquête 2022 : 55,3 %, n = 460). Les analyses révèlent une amélioration significative de la facilité perçue de la transition professionnelle entre les deux enquêtes (χ²(1, N = 1864) = 35,09, p < .001). Donc, comparé aux répondantes et répondants en 2019, une proportion significativement plus élevée de répondantes et répondants en 2022 estime que leur insertion professionnelle après le doctorat a été facile. Bien que la tendance soit également positive en ce qui concerne la connaissance des débouchés professionnels, cette évolution n’est pas statistiquement significative. Ces résultats positifs peuvent refléter les efforts déployés ces dernières années par les universités pour accompagner l’insertion professionnelle des doctorantes et doctorants, notamment à travers des journées d’information, des ateliers, ou des programmes de mentorat. Il est donc important de maintenir et de renforcer ces initiatives afin de consolider ces acquis.
Domaine de recherche et perception de la facilité de la transition: Les résultats présentés ci-dessous portent sur la première question, à savoir la perception de la facilité de la transition vers un premier emploi, selon le domaine de recherche et pour les deux enquêtes. Lorsqu’on examine chaque domaine individuellement et qu’on compare les données à celles de 2019, on constate une augmentation dans tous les domaines. Par exemple, la proportion de réponses positives (répondants et répondantes se déclarant « d’accord » ou « tout à fait d’accord ») passe de 51,6 % à 53,5 % en SHS, et de 60,9 % à 64 % en SEN. La progression est particulièrement marquée en SVS, où la part de réponses positives augmente de 56,8 % en 2019 à 69 % en 2022. Malgré cette tendance globale à l’amélioration, les SHS demeurent le domaine où la transition professionnelle est perçue comme la plus difficile, avec à la fois le taux de désaccord le plus élevé et la proportion d’accords la plus faible, tant en 2019 qu’en 2022.
Dans le cadre de l’enquête 2022, de nouvelles questions ont été ajoutées afin d’explorer les défis rencontrés par les titulaires de doctorat lorsqu'ils et elles commencent leur premier emploi post-thèse. Les thématiques des défis sont issues de la littérature scientifique (Skakni, Inouye & McAlpine, 2021), tandis que la construction des items a été réalisée spécifiquement pour cette enquête, afin de refléter au mieux les réalités rapportées par les titulaires de doctorat. Comme ces questions n’étaient pas incluses dans l’enquête de 2019, les résultats présentés dans cette section proviennent exclusivement des données collectées en 2022. L’ensemble des participantes et des participants ont été invités à répondre à ces questions, quel que soit leur secteur d’insertion professionnelle ou le type d’activités exercées.
Les résultats indiquent tout d’abord que la majorité des titulaires de doctorat ne rencontrent pas de défis spécifiques lors de leur transition vers un premier emploi, ou, s’ils ou elles en rencontrent, ceux-ci demeurent relativement limités. Parmi les personnes ayant rapporté des difficultés, les défis les plus fréquemment mentionnés comme étant rencontrés "de façon modérée" ou "beaucoup" concernent la nécessité de se conformer au discours officiel de l'organisation, la réduction de l’autonomie en matière de gestion du temps, ainsi qu’une priorisation de la productivité au détriment de la qualité.
Perception des défis et type d'activité du premier emploi après la thèse: On pourrait supposer que les titulaires de doctorat occupant un poste comprenant des activités de recherche dans le secteur académique feraient face à moins de défis. Afin d’examiner cette hypothèse, nous avons analysé plus en détail les défis rapportés par les titulaires de doctorat par leur type d'activité. La moyenne de chaque item a été calculée.
Dans la carte thermique ci-dessous, plus le score moyen d’un item se rapproche de 4 (score maximal pouvant être attribué), plus la case correspondante s’assombrit, indiquant un défi perçu comme plus fréquent par le participant ou la participante. À l’inverse, plus le score moyen tend vers 1, plus la case est claire, ce qui reflète un niveau de défi perçu plus rarement.
Le score moyen le plus élevé observé, de 2,5, reflète une intensité oscillant entre les niveaux « un peu » et « de façon modéré », suggérant ainsi des défis présents mais globalement mesurés. En effet, le groupe travaillant dans le secteur académique avec des activités de recherche (n = 381) présente les cases les plus claires, ce qui indique qu’il rencontre les défis moins fréquemment. À l’inverse, le groupe exerçant en dehors du secteur académique dans des postes sans activités de recherche (n = 173) affiche les cases les plus sombres, traduisant une fréquence plus élevée de défis perçus, en particulier en ce qui concerne les horaires stricts et la reconnaissance de leur expertise doctorale.
Il est également important de souligner que les titulaires d’un doctorat occupant un poste sans activités de recherche dans le secteur académique (n = 58) font face à des défis, notamment des horaires plus contraignants, un manque de reconnaissance de leur expertise doctorale, ainsi qu’une nécessité plus marquée de respecter l'organisation hiérarchique. Enfin, pour les personnes travaillant en dehors du secteur académique dans des postes comprenant des activités de recherche (n = 171), les principaux défis identifiés sont la nécessité d’adhérer au discours institutionnel officiel de leur organisation et une pression marquée sur la productivité, parfois au détriment de la qualité.
L’ensemble des résultats met en évidence une transition professionnelle généralement rapide des titulaires de doctorat après la thèse, tant en 2019 qu’en 2022. La majorité des répondants et répondantes trouvent un emploi en moins de quatre mois après la soutenance, et près de la moitié d’entre elles sont recrutées avant même d’avoir soutenu leur thèse. On observe par ailleurs une amélioration du délai d’accès à l’emploi entre les deux cohortes, suggérant une dynamique positive du marché de l’emploi pour les titulaires de doctorat. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, qu’un accès rapide à l’emploi soit lié à la poursuite dans le secteur académique, les résultats montrent que cette rapidité est relativement indépendante du secteur ou de la présence d’activités de recherche dans le poste occupé.
Concernant la nature du premier emploi, un peu plus de la moitié des personnes interrogées déclarent avoir intégré le secteur académique, tandis que 43,9 % ont débuté leur carrière en dehors de ce secteur. Une large majorité occupent un emploi comportant des activités de recherche, que ce soit dans ou hors du monde académique. Cependant, ces tendances positives masquent certaines disparités. Les hommes sont légèrement plus nombreux que les femmes à débuter dans le secteur académique pour un poste comprenant des activités de recherche (50,1 % contre 46,5 %). Les femmes, en revanche, sont plus représentées dans des fonctions académiques ne comportant pas de recherche. Des différences apparaissent également selon les domaines de recherche: les titulaires de doctorat en SEN sont les plus susceptibles d’occuper un poste de recherche en dehors du secteur académique, tandis que ceux et celles en SHS sont les moins nombreuses.
Un peu plus de la moitié des répondants considèrent que leur transition vers le marché du travail s’est faite aisément. Bien que cette proportion reste modeste, elle est significativement plus élevée en 2022 qu’en 2019, traduisant une amélioration perçue des conditions de transition.
Enfin, les titulaires de doctorat occupant des postes de recherche dans le secteur académique semblent faire face à moins de défis lors de leur transition professionnelle. À l’inverse, ceux et celles travaillant en dehors du secteur académique, notamment sans mission de recherche, rapportent davantage de défis, qu’il s’agisse de la reconnaissance de leurs expertises doctorales ou de la perte d'autonomie dans la gestion du temps.
En somme, des progrès sont observés entre 2019 et 2022 en matière de transition professionnelle post-thèse, tant sur le plan du délai d’accès au premier emploi que sur celui du ressenti exprimé par les titulaires de doctorat. Les résultats soulignent toutefois la nécessité de poursuivre les efforts pour accompagner les doctorants et doctorantes dans la diversification de leurs trajectoires professionnelles, et pour mieux valoriser la formation doctorale au-delà du monde académique.
Autrice
Neda Bebiroglu, Conseillère scientifique et coordinatrice, Observatoire de la Recherche et des Carrières Scientifiques
Contact
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